% !TEX TS-program = LuaLaTeX \renewcommand{\theprop}{(\ensuremath{\fnsymbol{prop}})} \tgotitle{Raisonnement par récurrence} % \section{Une propriété des entiers naturels} La propriété énoncée dans cette section est parfois présentée comme un axiome. Il n'entre toutefois pas dans nos intentions de construire une ou des axiomatiques, ne serait-ce que parce que cette notion est délicate. On se contentera donc d'un point de vue naïf, selon lequel un axiome est un énoncé dont on admet qu'il est vrai. Le lecteur doit toutefois savoir que les énoncés de la propriété~\ref{propppe} et du théorème~\ref{threc} ont des rôles en quelque sorte interchangeables : dans les axiomatiques classiques permettant de fonder l'arithmétique, prendre l'un comme axiome permet de démontrer l'autre comme théorème. Pour cette raison, le lecteur pourra trouver ailleurs des présentations proposant un axiome (ou parfois un principe) de \emph{récurrence}, la propriété~\ref{propppe} devenant alors un théorème. \par \vspace{0.5\baselineskip}\par Nous supposons donc connu l'ensemble $\N$ des entiers naturels, muni notamment d'une relation d'ordre notée ${≤}$ et nous admettons que cet ensemble possède la propriété suivante: % \begin{prop} Toute partie non vide de $\N$ possède un plus petit élément.\label{propppe} \end{prop} On traduit souvent cette propriété en disant que \N{} est \emph{bien ordonné}. %x %\par\noindent{\color{gray}\rule{\linewidth}{5pt}}\par\addvspace{-3pt}\par\nobreak %Cette propriété peut être considérée comme un des axiomes qui permettent de décrire l'ensemble \N{} des entiers naturels. Elle peut également se démontrer à partir d'un autre système d'axiomes, de portée équivalente (axiomes de Peano, notamment) ou de portée plus générale (Zermelo-Fraenkel, par exemple). %\par\noindent\hrulefill \section{Récurrence} \subsection{Introduction} \label{secexplerec} La propriété \ref{propppe} permet de formaliser une méthode consistant à établir la validité d'une assertion \frquote{de proche en proche}. Fixons-nous par exemple un réel $a$ strictement positif et, pour tout entier naturel $n$, considérons la propriété $P(n)$ \[(1+a)^n\geq 1+na.\] Nous nous proposons de démontrer que cette propriété est vraie pour tout entier naturel~$n$. Prouvons dans un premier temps que $P(0)$ est vraie (\mbox{c.-à-d.} que si $n=0$ alors $P(n)$ est vraie) : puisqu'il est vrai que $(1+a)^0=1$ et $1+0\times a=1$, il est établi que $(1+a)^0\geq1+0\times a$, donc que $P(0)$ est vraie. Donnons-nous alors un entier naturel $n$ et supposons que $P(n)$ est vraie. Prouvons alors que nécessairement $P(n+1)$ est vraie : \begin{align*} (1+a)^n&\geq1+na,\\ \intertext{soit, en multipliant les deux membres par $1+a$, qui est strictement positif,} (1+a)^{n+1}&\geq(1+a)(1+na),\\ \intertext{d'où} (1+a)^{n+1}&\geq 1+(n+1)a+na^2,\\ \intertext{et enfin} (1+a)^{n+1}&\geq 1+(n+1)a,\quad \text{car $na^2\geq0$.} \end{align*} Nous venons d'établir que, pour tout entier naturel $n$, si $P(n)$ est vraie alors $P(n+1)$ est vraie. En termes plus formels : \begin{equation} \forall n\in\N,\; P(n)\implies P(n+1). \label{eqhered} \end{equation} Nous notons maintenant $\symcal{A}$ l'ensemble des valeurs de l'entier naturel $n$ pour lesquelles $P(n)$ \emph{est fausse}. Nous allons prouver \emph{par l'absurde} que $\symcal{A}$ est vide, autrement dit que $P(n)$ est vraie pour tout entier naturel $n$. Supposons donc que $\symcal{A}$ est non vide. En vertu de la propriété \ref{propppe}, $\symcal{A}$ possède un plus petit élément que nous notons $m$. Puisque $P(0)$ est vraie, on peut affirmer que $0\notin\symcal{A}$ donc que $m>0$, ce qui nous assure que $m-1\in\N$. Le fait que $m-10$, puisque $0\notin\symcal{A}$, et cela nous assure que $m-1\in\N$. Le fait que $m-1